1. Introduction : DAB, DAB+ et pari français de la radio numérique

1.1. Rappel technique

• DAB vs DAB+ : codec, efficacité spectrale, robustesse RF, SFN.
• Différences avec FM et radio IP : broadcast vs unicast, continuité vs data/latence.

1.2. Contexte français

• Lancement tardif par rapport à Allemagne/UK/Suisse.
• Objectifs : continuité gratuite, meilleure qualité, plus de programmes, sobriété énergétique.

1.3. Enjeux du bilan 2025

• Réseaux métropolitains nationaux en phase 2.
• Couverture > 60–70 % de la population ; débat sur l’extinction FM.

1.4. DAB vs FM vs IP : à quoi s’attendre ?

• FM : très robuste en proximité, sensible au bruit et aux interférences, qualité variable.
• DAB+ : audio stable jusqu’au seuil, bascule « tout ou rien » en limite de couverture, continuité sans data.
• IP : qualité élevée et choix abondant, dépendance aux réseaux, latence et coûts de data.
• Conclusion : DAB+ complète la FM et l’IP ; la qualité dépend fondamentalement de la densité de diffusion.

1.5. Spectre et plan de bande

• Utilisation de la Bande III (≈ 174–240 MHz) en France pour la RNT.
• Blocs radio numérotés (ex. 5A–13F) alloués aux multiplex étendus et locaux.
• Diffusion en réseau à fréquence unique (SFN) : synchronisation fine indispensable.

2. Où en est la couverture DAB+ en France ?

2.1. Couverture population et territoire

• ≈ 62,2 % de la population métropolitaine couverte fin 2024.
• Communication 2025 autour de « ≈ 70 % » de la population.
• Distinction population vs géographie (grandes villes vs rural).

2.2. Émetteurs, multiplex et services

• ≈ 615 émetteurs fin 2024 ; +229 sites mis en service en 2024.
• ≈ 110 multiplex en 2023 sur 170 prévus à terme.
• Plus de 550 radios déjà diffusées (nationales + locales).
• Focus M1/M2, étendus vs locaux.

2.3. Cartographie macro

• Villes > 50 000 hab. majoritairement couvertes (exceptions : Ajaccio, Bourges, Cherbourg).
• DOM : expérimentations en Martinique ; La Réunion > 20 radios depuis 2024.

2.4. Proposition de visuel

Graphique : évolution du nombre d’émetteurs et de la couverture population (2018–2025).

2.5. Qualité de réception : facteurs clés

• Altitude et ligne de vue : principaux déterminants de la portée utile.
• Environnement : atténuation en indoor, obstacles urbains, relief (vallées).
• Antenne réceptrice : installation, gain et orientation changent fortement l’expérience.
• Maillage : densité d’émetteurs et plan SFN influent sur la continuité perçue.

3. DAB+ sur la route : peut-on vraiment voyager en numérique ?

3.1. Couverture autoroutière

• > 5 000 km déjà couverts ; objectif ≈ 70 % du réseau en 2025.
• Axes structurants : A1, A4, A6, A7, A10, A11, A75, A63, A35…

3.2. Trajets types

• Paris – Lille (A1) : continuité élevée, micro‑coupures possibles selon relief/densité.
• Paris – Bordeaux (A10) : bonne couverture, « trous » résiduels en zones rurales.
• Paris – Marseille (A6/A7) : robuste autour des grandes agglos ; bascule DAB+/FM en récepteurs hybrides sur segments intermédiaires.
• Paris – Perpignan (A9) : axes en densification ; satisfaisant en urbain ; plus fragile en plaine rurale.

3.3. Zones blanches et discontinuités

• Rural profond, massifs et vallées, littoraux peu denses.
• Effet utilisateur : coupures, bascule FM/streaming, logos sans audio ou instable.
• Piste « Small Scale DAB » : combler localement via multiplex à faible puissance.

3.4. Retour d’expérience (terrain)

• Atouts SFN pour la mobilité (pas de retune comme en FM) ; exige une densité minimale.
• Sensibilité à l’installation antennes véhicules et aux environnements urbains denses.

3.5. Tunnels et zones complexes

• Répéteurs ou réémissions spécifiques nécessaires pour une continuité en tunnel.
• Gares routières, échangeurs multi‑niveaux : zones à optimiser pour éviter le « tout ou rien ».

4. Adoption par les auditeurs et par le marché

4.1. Audiences radio

• ≈ 38–40 millions d’auditeurs quotidiens (Médiamétrie) ; érosion lente.
• Concurrence podcast/streaming.

4.2. Part du DAB+

• Couverture > 60–65 % de la population ; usage encore minoritaire mais en croissance.
• ≈ 10 millions de récepteurs DAB+ vendus (domestique + autoradio).
• Peu de statistiques publiques précises sur l’écoute par mode → transparence à améliorer.

4.3. Équipement & voitures

• Directive EECC : réception numérique obligatoire sur équipements neufs.
• Parc auto neuf : quasi standard depuis 2022 ; parc roulant vieillissant → adoption lente.

4.4. Côté éditeurs

• Nationaux : levier de couverture, image moderne, pression concurrentielle.
• Locales/associatives : élargissement de zone ; coût non négligeable de double diffusion FM + DAB.

4.5. Freins et leviers

• Freins : parc ancien non équipé, pédagogie limitée, perception IP‑first.
• Leviers : pack éducation (autoradio, domestique), transparence des indicateurs d’écoute, mise en avant des bénéfices mobilité/crises.

5. Enjeux techniques et coordination internationale

5.1. Architecture DAB+ en France

• Allotissements étendus vs locaux ; notion de multiplex (M1, M2).
• Diffusion SFN : avantage spectre/mobilité ; contraintes de synchronisation/planification.

5.2. Coordination aux frontières

• Rôle de l’ANFR et accords récents (Suisse, Espagne, Andorre).
• Gestion des brouillages transfrontières et optimisation du plan de fréquences.

5.3. Problématiques récurrentes

• Qualité indoor vs outdoor.
• Bitrates : compromis nombre de stations/qualité audio (HE‑AAC, protection level).
• Convergence IP/DAB+ : HbbRadio, récepteurs hybrides, handover FM/DAB/IP.

5.4. Paramètres techniques clés

• Codec : HE‑AAC v2 pour DAB+ (efficace à 48–96 kb/s).
• Protection : profils EEP impactent robustesse et capacité multiplex.
• Multiplex : capacité agrégée dépend du profil choisi et du nombre de services.
• Synchronisation SFN : timing strict pour éviter les zones d’annulation.

5.5. Densité et planification

• Dimensionnement par continuité recherchée (urbain vs inter‑urbain).
• Coordination aux frontières : accords bilatéraux pour réduire les brouillages.

6. Problèmes et limites du modèle DAB+ en France

6.1. Hétérogénéité de la couverture

• Écart entre communication (« 65–70 % ») et expérience sur certains territoires.

6.2. Double coût FM + DAB+

• Transmission, énergie, maintenance ; arbitrages éditoriaux.

6.3. Lisibilité faible grand public

• Logos/multiplex multiples ; confusion avec webradios/apps.
• Pédagogie à renforcer : avantages, bascule en voiture.

6.4. Concurrence de l’IP

• Smartphones, CarPlay/Android Auto ; radio IP, podcasts, streaming.
• Risque : DAB+ perçu comme étape intermédiaire face à un paysage IP‑first.

6.5. Indicateurs de performance à suivre

• Taux d’écoute en DAB+ par contexte (domicile, voiture) et par région.
• Taux d’équipement récepteurs (domestique, véhicules).
• Mesures de continuité : coupures/km sur axes majeurs, qualité indoor/outdoor.

7. Perspectives : 2025–2033

7.1. Déploiement

• Au‑delà de 70 % de couverture population ; densification axes et mailles rurales.
• Montée en charge des multiplex nationaux et locaux ; small‑scale en bassins ruraux.

7.2. Extinction FM : scénarios

• Bascule progressive parfois évoquée (2028–2033) ; jalons conditionnels (couverture, équipement, part d’écoute).
• Retours d’expérience Norvège/Suisse : bascule possible mais avec frictions.

7.3. Rôle du DAB+ en paysage IP‑first

• Hyp. 1 : DAB+ broadcast résilient (crises, alertes, mobilité, gratuité) ; complément de l’IP.
• Hyp. 2 : convergence future IP/5G Broadcast ; réduction du rôle des couches dédiées.

7.4. Cas d’école

• Mouv’ : reconfiguration de grilles, bascule partielle vers numérique, réaffectation possible de fréquences (nouvelles thématiques).

7.5. Transparence et gouvernance des données

• Rendre publics des indicateurs simples et comparables d’une année sur l’autre.
• Associer éditeurs, constructeurs et régulateur pour un suivi partagé.

8. Conclusion : bilan critique et recommandations

8.1. Ce qui fonctionne

• Maillage significatif en agglos et sur grands axes.
• Offre enrichie (thématiques, associatives, nouveaux entrants).
• Robustesse/sobriété supérieures à la FM — sous condition de couverture.

8.2. Ce qui reste fragile

• Continuité nationale non garantie partout.
• Adhésion lente, pédagogie insuffisante, pression économique de la double diffusion.

8.3. Feuille de route idéale

• Densifier zones blanches prioritaires (axes secondaires, rural structurant) ; small‑scale local.
• Publier des indicateurs simples : % d’écoute DAB+ par âge/contexte, taux d’équipement par région.
• Clarifier la trajectoire FM : calendrier conditionnel intelligible (jalons quantifiés).
• Miser sur l’interopérabilité DAB+/IP plutôt que l’opposition.

En synthèse : le DAB+ est une brique broadcast utile et sobre. Sa valeur dépend de la densité de diffusion, de la pédagogie utilisateur et de la transparence des chiffres. La trajectoire FM doit rester conditionnelle et lisible.

9. Sources & données

• ARCOM : bilans RNT, rapports de couverture et allotissements.
• ANFR : coordination internationale, plan de fréquences, décisions techniques.
• Médiamétrie : audiences radio, tendances d’écoute.
• La Lettre Pro : suivi du parc de récepteurs, marché équipement.
• Documents éditeurs : Radio France et réseaux privés (retours de déploiement).
• Wikipédia : listes multiplex/allotissements — à recouper avec sources officielles.

Méthodologie : croiser les chiffres ARCOM/ANFR avec des retours terrain (autoroutes, indoor/outdoor) et publier des indicateurs simples annuels : % d’écoute DAB+, taux d’équipement, continuité (coupures/km).